Connaissance de l'Eure 

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Au café, dit l'Absinthe par Jean Béraud.

Jean Béraud est né le 12 janvier 1849 à Saint Pétersbourg et mort le 4 octobre 1935 à Paris, Son père, sculpteur, travaille probablement au chantier de la cathédrale Saint-Isaac. En 1853 sa mère, devenue veuve, rentre à Paris avec ses quatre enfants. Jean devient l'élève de Léon Bonnat à l'École des Beaux-Arts de Paris et débute au Salon de 1872. En 1876, il connaît le succès avec son tableau Le Retour de l'enterrement. Il devient un des principaux peintres de la vie parisienne de la Belle Époque et, à travers des scènes de genre ; il peint par exemple, l'ambiance des cafés. En 1890, il est l'un des cofondateurs de la Société nationale des Beaux-Arts avec, entre autres, Auguste Rodin, Ernest Meissonier. Il est l'un des témoins de Marcel Proust lors de son duel à Meudon avec Jean Lorrain, en février 1897. Il meurt le 4 octobre 1935 à Paris et est inhumé au cimetière de Montmartre.

L’œuvre présentée en couverture : huile sur toile (83,8 cm - 72,6 cm) exposée au musée Carnavalet à Paris.

Elle fait partie d’une série « alimentaire » et l'artiste y montre la manière dont il perçoit ses contemporains. Si on note la qualité du « saisi » de la situation, on note aussi un certain nombre de défauts dans l’exécution. Le peintre est face au miroir et on voit que l’artiste a négligé la perspective. En effet les lignes fuyantes de la table convergent vers un point plus haut que celui du reflet; on remarque aussi que le mot BAR dans le miroir est écrit à l’endroit. Mais cela n’enlève rien au réalisme de la situation de laquelle se dégage une atmosphère particulière, une ambiance maintes fois éprouvée qui permet aux spectateurs de vivre le moment en observateurs précis. On imagine bien ce que pouvait être alors, et jusque dans la première moitié du xxe siècle, cette ambiance de bistro ou la solitude masque bien souvent les misères d’un monde.

Connaissance de l’Eure n°210

Parution : mars 2024

210

édito :

La réalité des faits et la vérité

Les articles présentés dans ce numéro entre visites royales, enquête sur les bistros et reportage de guerre, m’invitent à vous proposer une réflexion.
Parler de la réalité des faits et de la vérité est un dur exercice tant pour l’historien que pour l’homme politique ou le journaliste.
L’actualité trop abondante est régurgitée selon les propres sentiments ou désirs de ceux qui les commentent.
Les faits sont traduits et même travestis dans leur réalité et ce qui nous est rapporté, place le pauvre citoyen que je suis dans une prudente observation. Je ne parlerai pas du discours politique, réserve oblige, mais je me dis que c’est la vérité que doit traduire la parole et que celle-ci devrait être, en principe, l’énoncé de la réalité. L’énoncé de la réalité devrait donc se faire dans la vérité.
Nos historiens sont les observateurs du passé et voudraient comme tout bon journaliste de l’histoire, rapporter les faits comme le résultat d’une observation incontestable.
Sauf que dans leur cas la réalité comprend des événements qui n’ont jamais été observés et qui ont fait l’objet de transmission écrite. Nous connaissons la Gaule parce que Jules César nous a raconté sa guerre.
Nous connaissons les faits d’armes de nos rois du Moyen Âge parce que des moines nous en ont fait l’éloge.
Aujourd’hui les techniques de communication permettent de saisir chaque événement sur le vif et d’en conserver la mémoire.
Cette mémoire deviendrait-elle alors transcription de la réalité ? Et de la vérité ? Le réel est bien ce qui est en tant que fait, la réalité n’en est que la représentation traduite par des hommes et c’est souvent une
reconstitution plus approchée que gravée dans le marbre car chacun, selon sa propre vérité, utilise les mots dictés par sa propre connaissance des mots, de leur poids et de leur sens.
La cohérence du propos, l’empathie, le respect, l’honnêteté du rapporteur sont-t-ils suffisants ?
Il faut contrôler les sources pour construire sa propre vérité. À qui faire confiance, aujourd’hui, mon bon Monsieur!

Jean-Claude Rigal-Roy
Président du Conseil d’administration

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Sommaire :

Éditorial .p. 3
La réalité des faits et la vérité.

Vie de l’association . p. 4
Pas de mois sans événement et une assemblée générale le 13 avril à ne pas manquer.. Par Janick Launey et Solange Krnel-Carranante.

Découverte . p. 7
Entrées royales dans les villes de l’Eure, des manifestations hors de prix!
Par Nicolas Artaud, d’après MM. Bonnin et Canel Moments d’abondance et de liesse, renforçant ainsi la légitimité royale, ces « joyeusetés » ainsi organisées avec vin à profusion faisaient oublier au peuple et pendant un moment, la tristesse de son sort. Ces récits nous montrent bien l’échelle des valeurs et les retombées attendues.

Dossier .p. 17
La fin des Bistrots : le café de grand-papa est mort, celui de demain est à réinventer !
Dans l’Eure, on est passé d’un peu moins de 5 000 en 1867 à un peu plus de 300 bistrots (ou bistros) aujourd’hui. Ramenés au nombre d’habitants, ces chiffres montrent un effondrement du nombre des débits de boisson : tant pour la France que pour l’Eure. Bernard Bodinier nous avait remis cet article avant son décès. Comme d’habitude il nous amène a réfléchir. Comment en est-on arrivé là! les bistrots ont-ils encore un avenir?

Témoignages .p. 33
16-17 septembre 1914, un commando allemand tente de faire sauter des ponts sur la seine. Par Maurice Collignon.
Un événement peu banal, un fait de guerre, loin des champs de bataille, dont on garde peu le souvenir. Et pourtant! La Société libre de l’Eure avait sur place Maurice Collignon, l’un de ses membres, qui comme un « journaliste de guerre » nous a rapporté ces faits que nous avons pu explorer et revisiter avec Nicolas Artaud.

Gabriel Malard, un homme public, avant tout homme de terrain!
32 ans au service des citoyens ! Il fait partie de cette lignée d’élus forgés par le sens du devoir et de l’intérêt du peuple avant tout.

Écho des conférences et visites .p.45
Christine vous présente pour le premier semestre 2024 un nouveau programme. Il se veut varié et attrayant évidemment.

Vu et lu pour vous .p. 46
Christian Chabanel nous présente les derniers numéros des revues des associations amies : AMSE, CEV et Bernay ; un plaisir à partager.

La Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Eure, fondée en 1798, est la plus ancienne société savante de ce territoire. Elle est communément désignée sous l’appellation simplifiée de Société libre de l’Eure. Elle a son siège à Évreux, aux Archives départementales de l’Eure.