Connaissance de l'Eure 

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Photo de couverture : La leçon de Claude Bernard (1813-1878) ou session au laboratoire de vivisection.

Connaissance de l’Eure n°196

Parution : septembre 2020

196

édito :

La prise en charge et l’accompagnement des « malades, vieillards et indigents » dans le département de l’Eure se sont appuyés, comme le rappelle l’excellent article de M. Antony Kitts sur un maillage dense d’établissements d’accueil de diverses natures et appellations modifiées au fil du temps.

Le caractère commun à ces divers établissements était leur fondement local tant dans la genèse de leur financement initial que dans celui de leur fonctionnement (ressources financières locales).

Leur administration sous l’égide permanent du maire de la ville d’implantation répondait peu ou prou aux impératifs également locaux.

Les promulgations successives de lois concernant l’aide à la prise en charge des plus fragiles modifièrent petit à petit les obligations financières cependant que l’évolution des conceptions architecturales fondées sur les avancées scientifiques concernant l’hygiène et les pathologies infectieuses « homogénéisèrent » progressivement la structure des bâtiments.

La mise en place après la seconde guerre mondiale du système de « sécurité sociale » et son application dans le cadre de « l’assurance maladie » bouleversa les données en favorisant très heureusement l’accès du plus grand nombre aux soins, augmentant quantitativement ceux-ci et, par voie de conséquence, l’espérance de vie de nos concitoyens.

Les ordonnances Debré (père de l’ancien maire d’Évreux) de 1958 puis la loi de 1970 structurant le service public hospitalier (associant hôpitaux publics et cliniques privées), créant un organe délibératif (conseil d’administration), donnant de nouveaux pouvoirs aux directeurs et instituant la carte sanitaire marquèrent la fin des « initiatives locales ».

Le maillage des hôpitaux locaux s’effaça au fil du temps, des réformes et des volontés d’amélioration de la qualité des soins par « concentration » des compétences médicales et paramédicales dans des établissements supposés plus performants dans la prise en charge.

Les plus petits se virent chargés préférentiellement de revenir à une partie de leur vocation initiale d’aide aux plus faibles (et plus âgés), les plus grands assurant les soins les plus lourds et les plus aigus.

Parallèlement, l’indépendance financière des établissements disparut, le contrôle des dépenses se centralisa, mais la permanence du maire en tant que Président du Conseil d’administration de l’hôpital perdura jusqu’à la réforme de Mme Roselyne Bachelot en 2009.

Dans cette évolution des choses, la suppression de certaines activités médicales dans les plus petits établissements d’une part et le développement des hôpitaux de soins aigus devenant les plus gros employeurs territoriaux (l’hôpital d’Évreux est le plus gros employeur de l’Eure et le CHU de Rouen celui de feue la Haute-Normandie) d’autre part, ont pu malheureusement entraîner de fâcheuses confusions entre les objectifs électoraux des maires et les finalités d’accès aux soins de qualité au bénéfice de leurs administrés…

Les dernière décennies durant lesquelles les autorités essayèrent d’imposer aux établissements hospitaliers une « gestion d’entreprise » virent une inflation des services administratifs aux dépens des effectifs médicaux et paramédicaux, une réduction drastique du nombre de lits d’hospitalisation, et une réforme du financement « à l’activité » (réforme de 2009) mettant en danger les moyens financiers des hôpitaux.

Les conséquences délétères de ces erreurs sont apparues dramatiquement lors de la pandémie qui a frappé la France.

Puissent les leçons en être tirées…

Dr Michel Lafarie
Médecin spécialiste en anesthésie-réanimation – Ancien praticien hospitalier du CH Évreux
Ancien directeur adjoint du SAMU 27

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Sommaire :

Éditorial  .p. 3

Le docteur Michel Lafarie tient la plume

Vie de l’association .p. 4

Le forum des associations s’est tenu début septembre.
La Société libre de l’Eure y a rencontré de nombreux visiteurs et amis. Ce fut un franc succès malgré les circonstances. En attendant, les réunions et les conférences sont toujours perturbées ou annulées par les dispositions sanitaires imposées. La vie associative, comme nos habitudes, en sont bouleversées mais le moral demeure et votre revue est là pour vous le prouver.

Découvertes .p. 5

Le Comité de la « vaccine » dans l’Eure : c’était il y a 220 ans !
Janick Launey ne pouvait manquer de vous raconter cette aventure. La variole et la variolisation ont, par bien des aspects, préfiguré ce que nous vivons. L’auteur nous fait (re)découvrir que le rassemblement des énergies et l’union sont les seuls moyens pour combattre une menace sanitaire commune.

Les Ventes, un territoire méconnu :
Poursuivant la visite guidée de nos villes et villages, voici après Verneuil-sur-Avre, une découverte de la commune des Ventes. Christine Fessard vous fait partager sa passion pour ce territoire qu’elle a administré en tant que Maire. De l’antiquité à presque demain, c’est une belle découverte qui devrait vous inviter à faire un détour…

Dossier .p. 21

Lieux d’accueil ou lieux de soins ? Les hôpitaux et hospices dans l’Eure, de la Révolution française à la veille de la Première Guerre mondiale
Antony Kitts, docteur en histoire, nous dit, fort bien, qu’il n’est pas inutile de revenir sur son passé dans la prise en charge des plus démunis et des malades. Ce chercheur nous emmène dans l’Eure des hôpitaux et hospices.
Il met en avant ce qui était prêt : une nouvelle conception architecturale en lien avec les progrès de la médecine et de la chirurgie. Mais la réforme, «financière» va passer par là…
Les hôpitaux eurois sont aujourd’hui à nouveau confrontés à d’importantes restructurations (fermetures de maternités et de services) qui ne sont pas sans conséquences dans un département touché par la désertification médicale.
Ce dossier préparé avant les évènements, était prémonitoire.

Témoignage .p. 40

Témoins de notre histoire, les monuments aux morts 14-18 dans l’Eure.
N’allez pas croire que Denis Lepla, par ailleurs président de l’association des amis des monuments et sites de l’Eure, soit nécrophage ! bien au contraire, il veut témoigner de la vivacité de la mémoire collective via le symbole. Nous passons, le plus souvent sans les voir, devant ces monuments, parfois curieux, érigés à la gloire de nos poilus; cet article est là pour que vous vous appropriiez aussi ce passé.

La halle de la Ferrière-sur-Risle, une restauration récente
Éliane Carouge ancienne conservatrice en chef du patrimoine nous emmène dans la vallée de la Risle pour nous proposer de nous attarder, un moment, aux pieds de la halle célèbre de la Ferrières-sur-Risle. C’est l’occasion de mieux connaitre ce village et l’association qui y œuvre.

À table, c’est l’Eure .p. 52

Sa rondeur Cur 1er et Quand l’ortolan effaçait Émilie…
Francis Fargeau, administrateur de l’association des amis de Curnonsky, avec sa plume trempée dans un verre de Nuits Saint Georges évidemment, nous révèle la passion et les appétits féroces des princes de la gastronomie. On croit rêver !

Lu pour vous .p. 54

Patrice Guislin et Jean Pierre Raux nous proposent des idées de lectures et de sorties pour mieux apprécier notre région et ceux qui la font.

La Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Eure, fondée en 1798, est la plus ancienne société savante de ce territoire. Elle est communément désignée sous l’appellation simplifiée de Société libre de l’Eure. Elle a son siège à Évreux, aux Archives départementales de l’Eure.