Sociétaires Célèbres 

Membres de la Société Libre Personnalités qui ont marqué l'histoire du département de l'Eure, voire au-delà. Voici les portraits de quelques-uns d'entre eux.

Duc de Broglie

Maurice

Physicien, membre de l’Institut
Membre de la société Libre de l'Eure

Louis-César-Victor-Maurice, duc de Broglie (se prononce de Breuil), né dans le 8e arrondissement de Paris le 27 avril 1875 et mort à Neuilly-sur-Seine le 14 juillet 1960, est un physicien français spécialiste des rayons X et des rayonnements issus des éléments radioactifs. Comme officier de marine, il a eu un rôle important dans la mise en place des communications radio dans la Marine nationale, en particulier avec les sous-marins.

Son père, Victor de Broglie, fut député de la Mayenne. Son grand-père est Albert de Broglie, (voir ci dessus). Sa mère, Pauline de la Forest d’Armaillé, était petite fille du général Philippe-Paul de Ségur. Maurice de Broglie admis en 1893 à l’École navale et embarque sur le Borda, navire école de la Marine Nationale. Il sort major de sa promotion en 1895 avec le grade d’Aspirant de 2e classe. Après son stage d’application, il est affecté à l’escadre de Méditerranée sur le cuirassé Brennus avec le grade d’Aspirant de 1ère classe.

En 1898, il prend une permission de six mois et exprime à sa famille son désir de démissionner de la Marine pour se consacrer à la science physique. Les découvertes récentes des rayons X par Röntgen et de la radioactivité le fascinent. Il commence à installer un laboratoire dans la maison familiale. Il passe un certificat de Physique générale à la Faculté des sciences de Marseille. Cependant, il reprend son service en octobre 1898 avec le grade d’Enseigne de vaisseau et embarque sur divers navires de guerre en Méditerranée tout en continuant à étudier. Il obtient la licence de Physique en 1900. En 1901, l’Enseigne de vaisseau de Broglie embarque sur le cuirassé Saint-Louis.

C’est alors que l’Amirauté lui confie une mission à la hauteur de ses compétences: installer la T.S.F. sur les navires de l’Escadre, ce dont il s’acquitte à la satisfaction générale.  Le commandement demande une dispense pour le maintenir dans son affectation au-delà des deux ans réglementaires. Il reste donc encore un an sur le Saint-Louis. En 1904, il demande un congé sans solde d’un an qu’il renouvelle jusqu’en 1908, date à laquelle il démissionne de la Marine.

En 1904, Maurice de Broglie se marie avec Camille Bernou de Rochetaillée (1883-1966). Ils ont une petite fille, Laure, qui meurt à 7 ans. Il entreprend de compléter sa formation scientifique, d’abord à l’Observatoire de Meudon pour apprendre la spectroscopie, puis dans le laboratoire de Paul Langevin au Collège de France où il prépare sa thèse sur l’ionisation des gaz. Il soutient sa thèse en 1908 devant un jury où siègent Jean Perrin et Georges Urbain. Il complète l’installation de son laboratoire privé.

Au déclenchement de la première guerre mondiale, il est mobilisé comme Lieutenant de vaisseau (il a été promu dans la réserve en 1912) et affecté dans un premier temps à la station de T.S.F. des Saintes-Maries de la mer, puis, dans un second temps à Bordeaux. Il reprend ses recherches pour perfectionner les communications. En 1915, Paul Langevin le fait venir au Bureau des Inventions à Paris et le charge d’assurer la liaison avec le département correspondant de l’Amirauté britannique.

C’est alors que Maurice de Broglie s’intéresse aux moyens de communiquer avec les sous-marins. Il découvre que les ondes hertziennes de grandes longueurs d’onde pénètrent et peuvent être captées sous l’eau. Il est possible de cette façon de communiquer avec des sous-marins en plongée navigant à plus de 1000 km de la métropole5. Maurice de Broglie participe aussi aux recherches de Paul Langevin sur la détection des sous-marins avec des ondes ultrasonores, système qui aboutira au sonar.

    Congrès Solvay 1921Maurice de Broglie se trouve tout à droite

Après la guerre, il retrouve son laboratoire et reprend ses études sur l’action des rayons X. Il obtient les premiers spectres de la fluorescence provoquée par le bombardement de la matière avec des rayons X. Il met au point les méthodes pour obtenir le spectre d’énergie des électrons arrachés à la matière par les rayons X. Il présente ses résultats au Congrès Solvay de 1921.

En 1922 il est élu président de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure

A partir de 1923, le laboratoire connu comme Le laboratoire français des rayons X est installé exclusivement dans la maison de la rue Lord Byron. Maurice de Broglie est élu à l’Académie des sciences le 25 février 1924 dans la section des membres libres au fauteuil de Charles de Freycinet. Il est élu la même année à l’Académie de Marine et, en 1934, à l’Académie française. Il est membre du Conseil de la 2e section de l’Ecole pratique des hautes études de 1926 à 1942.

Lors de l’occupation allemande, son maître, Paul Langevin, est arrêté puis assigné à résidence à Troyes. Le Collège de France demande à Maurice de Broglie de lui succéder. Maurice de Broglie donne les cours de Physique générale et expérimentale au Collège de France du 5 février 1942 au 1er octobre 1946.

A la retraite, Maurice de Broglie siège au Conseil scientifique du Commissariat à l’énergie atomique, au Conseil scientifique de la Société française de physique, à la présidence du Comité de perfectionnement de l’Institut océanographique. En 1954, il est élu président de l’Académie des sciences.

Maurice de Broglie meurt le 14 juillet 1960 à l’Hôpital américain de Neuilly. Il reçoit des Obsèques nationales et est inhumé dans le cimetière de Broglie en présence d’un détachement de fusiliers marins qui lui rendent les honneurs. Son frère, le prince Louis de Broglie, hérite à sa mort du titre de duc de Broglie.

Voir également Pierre Lépine, « Notice historique sur la vie et les travaux de Maurice de Broglie (1875-1960) académicien libre », C.R. Acad. Sci. (Paris),‎ 19 mars 1962, p. 625-656.

La Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Eure, fondée en 1798, est la plus ancienne société savante de ce territoire. Elle est communément désignée sous l’appellation simplifiée de Société libre de l’Eure. Elle a son siège à Évreux, aux Archives départementales de l’Eure.